Dessin d'essai 1 - 2013
Durant la période de réalisation des trois premiers dessins
d'essais, strictement graphiques, de 2013 à 2015, j'étais attentif à l'intense activité mentale suscité par une telle pratique. Je notais ce qui surgissait sur des feuillets séparés. A partir du quatrième dessin d'essai, en 2017, j'ai intégré ces notations dans le cours du travail. Mes dessins
d'essais se sont orientés alors vers une tentative de transcription directe du cours des pensées mêlant figurable et lisible, le lisible ou le
figurable ne s'appliquant pas forcément aux textes ou aux dessins, à l'examen
la séparation ne tient pas à longtemps, textes et figures étant tout autant
dessinés.
Le flux des pensées et
particulièrement les pensées surgies pendant une activité minutieuse et
appliquée comme celle de dessiner à la plume, sont observées et notées dans la
position de témoin, sans défense ou censure, autant que possible. Paraissent inévitablement des trivialités, des clichés, des lieux communs, des
digressions de registres variés, philosophiques, psychanalytiques, critiques,
politiques, et autres formulations figurations créées spontanément. Je ne
cherche pas à convaincre ou à prouver quoi que ce soit, je me borne à constater ce qui me passe
par la tête. Après coup, il peut m'arriver d'éprouver une certaine gêne, au
moment de rendre ce fatras public. Mais c'est trop tard. De toute façon, cela
ne m'intéresse pas de trier, je ne cherche pas à fournir une vision idéalisée
de ce qu'on appelle les pensées. Quand j'observe ce courant, en moi, il est réellement aussi
composite, discontinu, rompu et sans gloire que je le représente.
Dessin d'essai 4 - 2017
Ces longues banderoles dessinées se constituent au fil d'heures, de jours, de semaines d'un travail impliquant patience et endurance. Ici, le choix d'une position d'attention à ce qui se passe en moi, suscite, invente, produit de nombreux registres graphiques. Ce faisant, la mémoire de cinq décennies de pratiques quotidiennes de dessins sur le vif, se recompose en créations spontanées, loin d'un labeur, je découvre le résultat en train d'apparaître, avec intérêt et curiosité comme premier spectateur.
Tout part de la page blanche. Je ne fais pas d'études,
d'esquisses ou de croquis préparatoires, et encore moins des collectes d'images dans des livres ou sur internet, ce ne sont pas des copiages
collages de sources externes. La source c'est le courant de pensées qui me traverse. Confronté
à ce flux, j'y réponds par des formations figurées, mû par le goût de produire quelque chose en
circonstance. Des créations réactions issues de la nécessité de devoir
improviser pour me sortir de situations problématiques, situations que j'ai provoqué moi-même dans ma vie par mes positions et attitudes, des mises à l'épreuve, en
quelque sorte, dont j'observe les effets, à la fois comme témoin et cobaye
consenti.
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DESSIN D'ESSAI 10
"Tout ce que j'ai écrit je l'ai dépensé en fer à repasser"
"Requiem pour les enfant morts"
"Bienvenue au karaoké d'art municipal"
Les dessins d'essais n° 7 et 8
multiplient les registres graphiques, dessins avec cernes, clair-obscurs,
hachures, trames, éparpillements, disséminations, pointillisme, et formules
inédites. Des vracs, des fatras de figures et des textes s'amoncellent sur un
mode associatif. Formules aphoristiques,
fragments d'analyse de contextes socio-politiques, historiques, individuels ou
collectifs, réflexions sur les mécanismes d'aliénations, digressions
philosophiques, psychanalytiques, sans écarter les registres comiques,
humour, satire, grossièreté, injures, calembours approximatifs et autres rebuts
de rébus, jeux de mots et signifiants. Dessins et registres de langues, formes et formules, coexistent dans une tentative de donner des représentations du flux des pensées.
Détail de dessin d'essai n°7 - Encre et plume sur papier rouleau |
Détails de dessin d'essai n°7 et détails de dessin d'essai n° 8 - Encre et plume sur papier rouleau |
Dessin d'Essai 4 - Encre, gouache, acrylique sur papier rouleau - 115 x 1000 cm - 03 07 2017 > 11 07 2017
"Buanderie" dessin d'essai n°4 sur son socle (ensemble 114 x 1040 cm x 25 cm) Expo collective mars 2018 |
TERREUR ET CROISSANCE
la division cellulaire comme origine de la terreur
5 euros + frais de port
Dessins grands formats réalisés à la plume et à l'encre
De jours en jours, les formes naissent du geste, sans repentirs
Large format drawings done day by day with feather and ink
The forms created by spontaneous gestures, which remain unchanged
Dibujos de grandes formatos a la plumilla y a la tinta
De dia a dia, las formas nacen del gesto, sin repetirs
Les trois premiers ont été réalisés à la plume et à l'encre. Tracés directs, en me confiant au geste. En poussant au maximum la capacité de produire des textures à partir de gestes répétés, soutenue jusqu'à ce que le geste tourne de lui-même, par lassitude de la répétition. Les pensées qui me venaient, je les notais sur des feuillets séparés. Par la suite, à partir du dessin d'essai n°4, je les ai intégrées dans le corps du dessin, mixant figurable et lisible. Je poursuis actuellement sur des formats tout aussi longs, mais moins larges, en travaillant aussi ailleurs qu'à l'atelier, de manière à ce qu'un environnement autre, et mes réactions créent de nouvelles formes.
ARCHIVES EXPOSITIONS
des Dessins d'Essais
Ce n'est pas la taille de ces dessins qui est un frein à leur présentation en public, c'est l'absence d'envergure intellectuelle des dispositifs culturels orientés pour la promotion de tels ou tels groupes d'intérêts: Propos entendus - "Mais dans quel cadre je vais pouvoir présenter ça ?" Imparable effectivement pour des dessins hors normes et qui prennent le parti d'échapper aux cadres. Pire, l’avidité bornée des marchands: - "Qu'est-ce qu'on va faire de ça...on pourrait les découper ?"
Si vous n'avez vus mes dessins d'essai qu'en photo ou en vidéo, vous ne les avez pas encore vus. C'est en les parcourant à pieds qu'on les voit, qu’on les lit. Les dix, bout à bout, c'est cent mètres, une promenade dans des paysages intérieurs, des contenus, des propos, des analyses, entre autres, au sujet des usages de l’art dont témoignent le marché et les institutions, vu à partir d'une conscience qui ne les ignorent pas, ce que ça provoque en elle et les conséquences qui en sont tirées.
Je suis ouvert à toutes les propositions, dès lors qu'elles n'émanent pas de galeries ou d’événementiels dédiés au tourisme, de blanchisseries d'art, de boîtes à défiscalisations, châteaux, abbayes ou propriétés d'ex-patrons d'industries, soi-disant mécènes, institutions, musées qui assignent les œuvres au service d’intérêts particuliers. Ces œuvres ne sont pas à vendre. Elles ont pour fonction de susciter des échanges, des collaborations et des conversations.
Lieux véritablement indépendants, jardins, cours, prés, gares désaffectées, couloirs, salles de danses, autres, éphémères, furtifs, vifs, audacieux, ne vous en privez pas !
Le socle composé de modules rapidement assemblés, conçu pour ça, en facilite la présentation.
J’en profite pour remercier
Véronique Verdier. A partir de nos conversations elle a imaginé le design de ce
socle. Elle a également participé activement à la conception du banc de
reproduction photographique, qui une fois les photos prises, m’ont permis de
remonter les fragments photographiés et recréer ainsi numériquement mes dessins d'essai pour en réaliser des travellings vidéos.